La vie des herbes mortes

Ca n’est pas propre, me dit-on. Et si on ne me le dit pas, je l’entends quand même…

Mais les herbes sèches font partie du paysage à la forêt-jardin, de l’été au printemps suivant, soit la plus grande partie de l’année. Ensuite leur fragilité, la neige et le vent les couchent, elles retournent au sol.

Les graines qui y demeuraient encore peuvent à leur tour germer. Leur tapis protège également des variations de températures les plantes pionnières au printemps : le sol, moins réchauffé par les premiers rayons de soleil, les retient de pousser trop vite, et, moins sensible aux gels tardifs, sauve les imprudentes.

Je pourrais accélérer le processus en fauchant, mais ce n’est pas la philosophie du lieu, et ce serait ignorer l’utilité des herbes et fleurs sèches, comme garde-manger, comme abri aussi pour la microfaune et pour les oiseaux. Au sol ce sont les tariers pâtres qui nidifient dans le camouflage des herbes. Plus haut, on ne peut ouvrir une tête de carotte sauvage sans y trouver une colonie de coccinelles qui y ont établi leur dortoir !

https://foretjardinlandassou.wordpress.com/2021/09/07/biodiversite/

De l’été à l’automne, les punaises arlequin s’y installent aussi à demeure, mais elles n’y dîneront plus guère après octobre ; c’est la sève des tiges ou des jeunes graines qu’elles sucent avec leur rostre. Elles vont se cacher ailleurs pour l’hiver.

Comme celles des autres herbes sèches, les graines que les oiseaux auront négligées tombent peu à peu au sol, au gré des intempéries. Là, d’autres insectes, comme les fourmis, se les partagent avec les campagnols.

Et puis apprenons à apprécier la beauté des herbes sèches, qui accroche si bien la lumière de la « morte saison ».

Sans compter que, pour que les allées jouent leur rôle, il faut bien qu’elles soient bordées !

https://foretjardinlandassou.wordpress.com/2023/02/25/pourquoi-des-allees/

Les herbes mortes sont donc partie intégrante des équilibres biologiques et de l’esthétique modeste de la forêt-jardin. Modeste mais punk !

5 réflexions sur “La vie des herbes mortes

  1. Je découvre votre blog et je trouve cette forêt jardin déjà très jolie en cette saison fraîche. Ca doit être très beau au retour du printemps. Cette notion de propreté vient probablement de « nos jardins à la française ». Les forêts sont pourtant magnifiques sans qu’on vienne y mettre un coup de propre. Bonne continuation à vous. Je vais suivre l’évolution de votre forêt jardin avec plaisir.

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    • Je vous remercie, pour vos compliments et pour l’ouverture que vous y apportez. Ah, la propreté, que ne m’a-t-on dit à ce sujet ! Très intéressante question, qui remonte bien au delà des parcs à la française, probablement aux origines des jardins, voire à la sédentarisation de l’homme… Vous me donnez l’envie d’approfondir cette réflexion, et je tâcherai d’en faire un article si j’arrive à quelques idées claires !

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      • Effectivement, je pense qu’il y a de la matière sur ce sujet ! Il y a également un lien entre propreté et odeur. Si ce n’est pas extrêmement parfumé alors ce n’est pas propre. En ce qui me concerne je ne supporte pas ces parfums de synthèse très (trop) puissants.

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