Tragédie champêtre (3) : Tueuse en série !

Peut-on dire que l’araignée crabe est une tueuse en série ? Probablement pas… Les serial killers sont des criminels très rigoureux, qui suivent leur manie avec un luxe de protocole et de méthode.

Bon, il est vrai que cette araignée tue toujours de la même manière : à l’affut, elle se précipite d’un bond sur sa victime et d’une morsure bien placée l’envoie ad patres. Efficacité, rapidité !

Et pourtant c’est une tueuse très opportuniste, qui s’adapte avec souplesse à son environnement.

Son environnement littéraire, déjà ; l’araignée crabe, c’est la thomise. Ou le thomise, personne ne sait. Si pour commencer on pouvait se mettre d’accord là-dessus…

Ensuite elle change de robe comme de chemise. Il lui faut une petite semaine pour blanchir, un peu plus pour jaunir. On en trouve aussi de verdâtres. Ce n’est pas de la coquetterie ; pour mieux surprendre sa proie, il (ou elle) s’adapte ainsi à la couleur de la fleur sur laquelle elle chasse (c’est l’homochromie). En début de saison on la trouve volontiers sur les pissenlits, ensuite sur les ronces.

https://foretjardinlandassou.wordpress.com/2023/04/30/pissenlit-ton-univers-impitoyable/

L’été, c’est la carotte sauvage qui fait office de table : robe blanche de rigueur, évidemment, crehaussée par un petit ruban rose sur les côtés.

Elle n’est pas non plus monomaniaque quant au choix de ses victimes : mouches et guêpes au début du printemps, puis papillons. La photo de cette merveilleuse mélitée n’est pas si nette parce que j’ai su mettre au point en un éclair, ni parce qu’il a eu la bonté de poser longuement ; c’est un cadavre !

L’araignée se repose avant de déguster sa proie. A moins que le goût n’en soit meilleur après quelque temps ? Ou qu’à mon approche, elle ait craint de se faire trucider à son tour ? J’ai hésité un moment avant de le comprendre, et puis j’ai pris la coupable sur le fait :

Une autre victime gisant le nez dans son assiette (vous remarquerez que ça ne coupe pas l’appétit des petits convives !) :

Voilà ce qui arrive à ceux qui obnubilés par l’idée de se nourrir ou de s’accoupler en oublient de surveiller leurs arrières ! Ce couple de myrtils en plein flirt devrait se méfier…

Pour parfaire la dimension freudienne de cette évocation, je vous renvoie à la page sur la biodiversité animale, où vous distinguerez Monsieur Thomise en train de s’accoupler avec Madame, sur les lieux du crime. Et là, l’activité autant que la différence de taille ne laissent aucun doute : on a à la fois le mâle et la femelle !

https://foretjardinlandassou.wordpress.com/2021/09/07/biodiversite/

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